Épargne collective et individuelle : vers des portefeuilles sans pétrole

Communiqué de presse
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Montréal, 13 décembre 2016 – La Maison du développement durable faisait salle comble aujourd’hui pour le panel Épargne collective et individuelle : vers des portefeuilles sans pétrole. Animé par Karel Mayrand, directeur pour le Québec et l’Atlantique de la Fondation David Suzuki, le panel, auquel ont participé Hélène Jacques, présidente du conseil d’administration d’Æquo Services d’engagement actionnarial, Sébastien Collard, membre fondateur, Recycle ta Caisse, Raphael Bouskila, président de CoPower et Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire, visait à réfléchir aux investissements dans les énergies fossiles et les énergies renouvelables. Les échanges ont permis à la centaine de participants présents de mieux comprendre les dernières tendances en matière d’investissement et de rentabilité dans les énergies renouvelables et les avantages liés à l’épargne individuelle vers des énergies non-fossiles.

Clare Demerse, conseillère en politiques chez Clean Energy Canada, n’a pas pu se présenter à l’événement, mais a partagé ses réflexions virtuellement.

Quels sont les principaux enjeux auxquels nous faisons face actuellement?

« La transition énergétique nécessaire est de mieux en mieux comprise et acceptée », a évalué d’Hélène Jacques, présidente du conseil d’administration d’Æquo Services d’engagement actionnarial, en déplorant que la mise en œuvre de solutions pratiques fût toutefois trop lente.

« Les énergies fossiles perdent rapidement en compétitivité », a rappelé Sébastien Collard, membre fondateur de Recycle ta Caisse. « Elles se font systématiquement déclasser par les énergies renouvelables, en commençant par le charbon, puis le pétrole et le gaz.Contrairement à une croyance répandue, c’est au début du déclassement d’une énergie qu’éclate la bulle financière. Le risque consiste alors à ne pas avoir anticipé le phénomène et à se retrouver avec des actifs échoués » a-t-il tenu à préciser.

« À mesure que le changement climatique progresse, il est plus important que jamais que la production et l’utilisation de l’énergie soient propres et durables », a lancé Raphael Bouskila, président, CoPower. « À cette fin, il nous faut donc cerner et faire tomber toutes les barrières auxquelles les projets d’efficacité énergétique ou de production d’énergie propre font face. Actuellement, il reste difficile pour les promoteurs de ces projets d’obtenir des prêts auprès des sources traditionnelles de financement, ce qui constitue un obstacle à la construction du type d’infrastructure dont nous avons besoin pour atténuer les effets du changement climatique », a déploré M. Bouskila.

« Selon l’Association canadienne de l’investissement responsable, 86 % des produits d’épargne des membres individuels de la Caisse d’économie solidaire sont des produits d’investissement responsable (IR), alors qu’au Canada en 2016, l’IR représente moins de 5 % des avoirs détenus par les individus dans les fonds communs de placement », a rappelé Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire. « L’investissement responsable gagne en notoriété au Québec et au Canada depuis les 5 dernières années, mais le potentiel à développer est immense », a-t-il ajouté.

Selon Clare Demerse, conseillère en politiques chez Clean Energy Canada, un tiers de billions de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables en 2015, une somme record pour l’investissement dans l’énergie propre. « D’ailleurs, les économies qui présentent la plus forte croissance au monde se tournent vers les énergies renouvelables. 2015 marquait la première année où les économies émergentes ont investi plus que les économies développées dans l’énergie propre. Cela représente un débouché exceptionnel pour les entreprises canadiennes du secteur visant une croissance à l’étranger », s’est-elle réjouie.

Quelles seraient les meilleures pistes d’ici cinq ans et pour la suite?

« Il est important que chacun agisse et influence à sa façon », a indiqué Hélène Jacques, présidente du conseil d’administration d’Æquo Services d’engagement actionnarial. « Des dialogues sérieux avec les entreprises de l’industrie énergétique doivent porter sur les questions de développement durable et de stratégies d’affaires dans une perspective de long termes », a-t-elle recommandé.

« Idéalement, il aurait fallu désinvestir en 2012. Maintenant, il faut profiter des erreurs du marché, comme la hausse temporaire au niveau des titres dans le charbon à la suite de l’élection de Trump, pour vendre ces titres » croit M. Collard Sébastien Collard, membre fondateur de Recycle ta Caisse. « Les titres des énergies renouvelables présentent malheureusement beaucoup de volatilité et sauf exception, ne sont pas à conseiller. Idéalement, il faut investir directement dans les projets éoliens, solaires et de stockage d’énergie assurant un bénéfice à l’institution financière. Enfin, puisque les énergies renouvelables sont moins dispendieuses, il faut considérer qu’à long terme les portefeuilles financiers contiendront proportionnellement moins de titres énergétiques », a-t-il avancé.

Selon le président de CoPower, Raphael Bouskila, « nous devons reconnaître les rendements financiers forts et sécurisés de l’infrastructure durable et de l’énergie propre, et faire sorte que les investisseurs de toutes tailles puissent participer à ces bénéfices. Il faudra utiliser l’innovation technologique (soi-disant, le «fintech»), ainsi que l’innovation financière (des nouveaux types de placements tels que les obligations vertes), afin d’atteindre un futur dans lequel tous peuvent participer à une économie verte, et où le capital n’est pas un obstacle pour les projets d’infrastructure durable ».

Selon Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire, « l’intérêt des citoyens pour les causes environnementales, sociales et de gouvernance s’est considérablement accru et une part croissante d’entre eux est prête à y consacrer une partie de leur épargne… lorsque l’option de l’IR leur est présentée ». « Dans l’avenir, le rôle d’intermédiaire financier sera plus important que jamais afin de contribuer à donner aux citoyens de la cohérence avec leurs valeurs et du pouvoir avec leur épargne », prévoit-il.

« Nous savons que nous avons besoin d’une transition vers l’énergie propre dans l’économie : pas seulement dans le secteur de l’électricité elle-même, mais dans les transports, les bâtiments et les processus industriels », a rappelé Clare Demerse, conseillère en politiques chez Clean Energy Canada. « Pour construire cette économie basée sur l’énergie propre au lieu des carburants fossiles, nous avons besoin d’investissements à la fois publics, privés et idéalement personnels. Les gouvernements peuvent accélérer ce changement en faisant de bons investissements, en adoptant de bonnes politiques et en envoyant les bons signaux sur l’orientation à long terme de notre pays », a-t-elle conseillé.

S’inscrivant dans une série de cinq panels portant sur l’évolution des grands enjeux du développement durable présentée par la Maison pour célébrer ses cinq ans, l’événement de réflexion du 13 décembre est organisé en partenariat avec Équiterre, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), Dunsky Expertise en énergie et COPTICOM.

La vidéo de l’événement est disponible en ligne sur le site de la Maison du développement durable dès 14 h : lamdd.org/actu/2016/epargne-collective-individuelle-vers-portefeuilles-sans-petrole

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Renseignements et demandes d’entrevue :
Amélie Ferland
aferland@lamdd.org
514-592-0847